Démocratie directe en ligne – introduction

La barrière psychologique de l’auto-gestion

Autant vous prévenir : apprivoiser tous les aspects de Parlement Populaire n’est pas une chose simple, et ne l’a pas été pour moi même. La notion même de s’émanciper, se faire confiance en tant que peuple nous est totalement inhabituelle. L’idée de ne pas suivre un « chef» est actuellement contre nature, à tel point qu’elle nécessite un petit exercice psychologique, une sorte de « reprogrammation ». C’est presque dans notre ADN de chercher le chef, et en même temps d’aspirer a la liberté, n’est ce pas contradictoire?

Un peuple ne s’est jamais émancipé totalement. Peut être est ce déjà arrivé à petite échelle dans des villages, des tribus, ou de petits pays. L’exemple le plus proche géographiquement et chronologiquement est l’Islande dont la population a refusé en 2008 de payer pour les erreurs des banques. Ce fut une décision du peuple spontanée et ponctuelle dans ce petit pays de 300 000 habitants. Cependant je ne pense pas que ce soit arrivé dans un pays de maintenant presque 70 Millions d’habitants, ou alors au prix de nombreuses manifestations et blocages comme en mai 68.

A chaque fois que j’ai eu l’opportunité de parler de Parlement Populaire à des gens, des contre argumentations tout à fait légitimes sont venues alimenter le débat, avec par exemple des doutes sur la fiabilité d’internet, ou sur la capacité des gens à s’auto-gérer, des points que nous abordons sur la page FAQ. Mais la plus grosse difficulté des gens était d’imaginer qu’il n’y ait pas de chef, et que ce projet soit idéologiquement neutre. Immédiatement, la notion d’un gouvernement sans chef rappelle des idéaux comme le communisme, l’anarchie, donc la peur, et pour certains, l’enthousiasme. A ce stade j’essaie toujours de bien faire comprendre qu’il n’y a pas d’idéologies sur ce site, qu’il faut oublier l’espace d’un instant les histoires de droite et de gauche. Ces idéologies, dans la difficultés que certains ont à les abandonner, semblent presque être des défenses psychologiques, comme si soudainement sans une idéologie attitrée, ils perdaient une part de leur identité, provoquant un sentiment de vulnérabilité. De ce fait, souvent celui qui s’intéresse à Parlement Populaire se demande s’il y a anguille sous roche.

Il y aussi la passion du débat idéologique qui nous anime depuis des décennies, qui remue les dîners de famille à Noel et aux anniversaires. On y a tellement investi d’énergie qu’on se demande ce que l’on ferait sans un ennemi à abattre! On a appris à aimer cette interminable polarité d’idéologies très anciennes qui divisent le monde depuis longtemps. Quelque part chacun sait qu’il a, même à sa petite échelle une influence sur les autres, que s’il s’agite fort, peut être qu’il influencera plus les autres. Mais si nous y pensons, nous nous battons pour rien ou presque, car au final, nous ne décidons de rien, et la personne que vous mettez au pouvoir fera exactement ce qu’elle veut.

La suite logique de l’Histoire

Depuis que nous existons nous avons toujours tenté de créer une société juste et égalitaire. Certes, c’était très imparfait, ce fut à chaque fois extrêmement sanglant, déchiré entre les intérêts personnels de quelques uns et l’idéalisme d’autres, mais nous avons essayé. Il y a toujours eu le même problème : une personne se laissait corrompre par le pouvoir, et le peuple en bas n’en n’avait pas assez. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, les religions, le communisme, et toutes les autres idéologies ont été des aspirations à la liberté. Toutes parlent d’égalité, de fraternité, et comme rien ne pouvait modérer ou contrôler les décideurs, systématiquement ils furent corrompus et mirent fin au rêve. 

Aujourd’hui, au lieu d’avoir une seule personne au pouvoir nous en avons quelques milliers, ce qui est déjà extraordinaire, mais pas suffisant. En réalité, il est essentiel dans un système de gouvernance de donner le pouvoir à un maximum de gens. Parlement Populaire a pour objectif de donner le pouvoir à des millions de personnes.

De plus en plus avec le temps nous avons appris de nos erreurs, très lentement. La seconde guerre mondiale nous a appris à nous méfier des extrêmes, et de plus en plus nous tendons maladroitement à l’écoute des besoins individuels.

Si vous observez bien, nos besoins en renouvellements politiques sont profondément liés au progrès technologique. Nous n’avons jamais été aussi insatisfaits que depuis l’apparition d’internet, qui a été un catalyseur d’insatisfaction. Il a révélé avec toujours plus de précision ce qui se passe politiquement en France. Nous sentons aujourd’hui une lassitude extrême vis à vis de la politique, les valeureux qui croient toujours que notre système fonctionne sont minoritaires, le système est comme « sous perfusion » ou en « stand by » en attendant de trouver mieux?

Alors même que plus en plus de gens s’éloignent des idéologies classiques qui auront fait les grands conflits du 20 ième siècle, qu’internet est omniprésent, nous avons le socle idéal pour un changement significatif. La question n’est plus vraiment « est ce qu’une démocratie sur internet apparaîtra » mais « quand »?

Changer un système fait peur

Comme écrit précédemment, les changements politiques ont souvent été très mouvementés. Toutes les révolutions se sont faites dans la violence, nous avons donc une envie de changement, sans avoir à risquer nos acquis. Nous voulons être certains que demain notre frigo sera toujours plein, et que nous n’aurons à souffrir d’aucunes agressions. Il est là le problème. Changer ce qui peut sembler être un chateau de carte est incertain, car il n’y a plus d’autres autorités au dessus de celle de l’Etat, personne ne peut nous sauver d’un dérapage.